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Note de conjoncture - Mars 2022

3 mars 2022

La situation géopolitique en Europe et ses conséquences sur le marché de l'acier expliquées dans cette note de conjoncture.

Note de conjoncture - Mars 2022

La situation extrêmement préoccupante en Ukraine et les sanctions très lourdes mises en oeuvre par l’UE à l’égard de la Russie vont avoir très rapidement des répercussions sur le marché européen de l’acier :

 

Dès le début du conflit, la grande majorité des usines européennes, tous pays et tous produits confondus, se sont mises hors-marché (aucune cotation en terme de disponibilité, de délai et de prix), afin de se laisser le temps d’évaluer la situation géopolitique nouvelle et ses conséquences économiques et financières.

 

A ce jour, les paramètres à prendre en compte, sans être exhaustifs, sont les suivants :

 

- La Russie et l’Ukraine sont 2 producteurs importants de minerai et matières premières. A elles deux, ce sont plus de 80 millions de tonnes d’acier produites en 2021. La Russie est le 1er producteur mondial de nickel et le 2ème en aluminium. Une part significative de ces tonnages est exportée vers l’Europe, soit en produits finis, soit en produits intermédiaires comme le fil machine (destiné à la fabrication de ronds à béton), les brames (permettant de fabriquer des bobines en acier), des bobines en acier laminé à chaud, en inox ou en aluminium. Pour l’aluminium, 80% des besoins en alumine de la France proviennent de Russie.

 

- Tous les fabricants de tubes italiens et espagnols, un grand nombre de dérouleurs européens, des fabricants de bobines en fil cranté ou treillis soudés s’approvisionnent en brames, billettes, bobines, fil machine, … pour une part plus ou moins significative dans ces 2 pays.

 

- Pour certains producteurs européens, la part de leurs approvisionnements provenant de ces 2 pays est telle qu’ils auront du mal à trouver rapidement des sources alternatives et nous pouvons craindre d’ici quelques semaines des réductions, voire des arrêts de production.

 

- Les cours du pétrole et du gaz, qui étaient déjà à des niveaux très élevés, vont continuer à augmenter. Cette semaine, le cours du baril de pétrole a dépassé les 110 $, celui du nickel les 25.000 $ et celui de l’aluminium les 3.500 $, soit des niveaux jamais atteints dans un passé récent. La répercussion sur les coûts de production de tous les acteurs de la filière sidérurgique sera donc forte et durable.

 

- Certains pays vont être très fortement impactés sur leurs approvisionnements en gaz : 50% des besoins de l’Allemagne,100% des besoins de l’Autriche et globalement 40% des besoins de l’Europe sont assurés par la Russie.

 

- Les sanctions économiques et financières prises par l’Europe et un grand nombre de pays dans le monde, chaque jour plus nombreuses et plus fortes, vont avoir des conséquences immédiates sur les relations avec la Russie : ainsi, toutes les transactions économiques et financières entre l’Europe et la Russie vont être quasi-impossibles du fait de ces sanctions et vont bloquer immédiatement les flux de marchandises, de pétrole et surtout de gaz.

 

 Il est encore trop tôt pour évaluer toutes les conséquences à court et moyen terme de cette situation géopolitique, d’autant plus qu’elle évolue chaque jour un peu plus vers un scénario très inquiétant.

 

 Sur notre marché de l’acier, le bouleversement d’un certain nombre de flux de produits, l’accroissement des tensions d’approvisionnement, l’augmentation des coûts énergétiques vont avoir assurément 3 principales conséquences : difficulté à trouver certains produits, accroissement des délais d’approvisionnement et hausse des prix. Sur ce dernier point, les premières informations que nous avons obtenues ces derniers jours nous donnent une première tendance des augmentations dans les jours et semaines qui viennent, comprises entre 100 et 200 €/T pour les produits en acier et probablement beaucoup plus pour l’inox et l’aluminium.

 

Enfin, comme dans toute situation grave et tendue, nous constatons une forme d’affolement qui, pour un certain nombre d’acteurs économiques sur toute la filière (producteurs, transformateurs, négociants et utilisateurs finaux), se traduit par un comportement irrationnel basé sur la peur du manque, et donc ils se précipitent à l’achat.

 

 Pour notre part, nous allons essayer de garder notre sang froid et ne pas céder à la panique : nous allons être très prudents dans nos offres, en particulier sur leur validité, ne pas nous engager sur des commandes liées à un appro, tant que nous ne recevrons pas confirmation du fournisseur. Face aux fortes hausses de prix qui s’annoncent, comme en 2020/2021, nous jouerons pleinement notre rôle de stockiste, pour les amortir au mieux, les étaler dans le temps en fonction de nos stocks, et ainsi être aussi raisonnables que possible.

 

 Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure de l’évolution du marché et des informations obtenues mais, pour des raisons bien différentes qu’en 2020/2021, les semaines à venir risquent à nouveau d’être perturbées dans nos activités quotidiennes.